Money

A l’automne 1979, la reprise de Money (that’s what I want) par les Flying Lizards fit accéder le son des instruments préparés de la musique concrète au top 5 anglais. Le son de grosse caisse ne venait pas d’une batterie mais d’une corde de basse frappée avec une baguette. Le son « banjoïsant » avait été obtenu en jetant divers objets à l’intérieur du piano. Les Flying Lizards appliquaient le principe de l’absurde au monde de la pop. Son leader, David Cunningham, trouvait que la musique produite par le mouvement punk restait trop conventionnellement rock’n’roll.

Chanson initialement co-écrite par Berry Gordy, Money est plus célèbre dans sa version donnée par les Beatles. Dans celle-ci, l’insolence de prolo ambitieux dont faisait preuve John Lennon animait la chanson d’une certaine rage : le fait de privilégier la richesse matérielle par rapport à l’amour faisait écho à l’absence de sentimentalité.

Les Flying Lizards, quant à eux, subvertissent le subversion des Bealtes. L’énonciation glaciale et hautaine de la chanteuse Deborah Evans remplacent la gouaille de Lennon par un dédain morbide propre à la classe dirigeante. Ce n’est pas une coïncidence si Money ne sortit que quelques mois après l’élection de Margaret Thatcher, une femme qui se forçait à parler avec un accent de la haute société, et qui tenait une théorie économique sans pitié appelée monétarisme.

Cette improbable rencontre d’avant-gardisme et de subtile satire politique devint un énorme tube en 1979. Et un morceau culte des dance-floors américains

The Flying Lizards

Partager cet article